Lorsque l’on inspecte le système cardio-vasculaire d’un patient on doit observer d’une part l’état général du patient et d’autre part regarder les signes cliniques évocateurs d’une pathologie cardio-vasculaire. On observe l’état général du patient. Il est agité, léthargique, on a du mal à communiquer avec lui, etc. On pense à un état de conscience altéré, par exemple une détresse respiratoire, une insuffisance circulatoire ou un état confusionnel aigu sur une hyponatrémie, une altération neurologique centrale, une infection urinaire, un trouble métabolique ou toxique, une anémie, etc. Le patient est maigre, présente des amyotrophies temporales ou interdigitales, des œdèmes et un ventre globuleux. On pense à une dénutrition.
Un patient peut être décontracté comme un autre pourrait présenter des douleurs difficilement supportables et aurait donc tendance à se recroqueviller sur lui-même. La douleur se lira aussi sur son faciès. Les douleurs thoraciques sont un des symptômes les plus graves que l’on rencontre. Elles nécessitent Il est vital d’envisager une atteinte coronarienne (douleur profonde rétro-sternale irradiant dans de cou et le bras gauche souvent en relation avec l’effort) ou péricardique (patient en position assise, thorax vers l’avant se plaignant d’une douleur souvent respiro-dépendante). Mais il ne faut pas oublier les origines extra-cardiaques comme l’embolie pulmonaire.
On observe si le patient est dyspnéique (à nouveau se poser la question si cette dyspnée est d’origine cardiaque ou extra-cardiaque) ou tachypnéique.
On observe l’allure du thorax. Existe-il une déformation, une asymétrie, des cicatrices, des lésions cutanées, un boîtier de pacemaker ? Les déformations du thorax peuvent dans les cas sévères diminuer la fonction cardiaque et respiratoire.
L’inspection cardiaque impose une observation d’éléments « périphériques » comme les veines jugulaires, les membres inférieurs, les doigts etc.
On observe s’il existe une turgescence (ou une turgescence hépato-jugulaire voire plus bas) des veines jugulaires. Celle-ci reflète la pression dans l’oreillette droite et est observée dans l’insuffisance cardiaque droite. Si la veine jugulaire se remplit à l’inspiration, on peut penser spécifiquement à une péricardite constrictive. On parle de signe de Kussmaul, rarement observé dans la tamponnade. Il peut être expliqué par une augmentation du retour veineux à l’inspiration et un ventricule non compliant au remplissage.
On observe une pâleur, on palpe des extrémités froides, marbrées et cyanosées, un temps de recoloration augmenté. On pense à une baisse de perfusion secondaire à une vasoconstriction périphérique. Les causes peuvent être locales, par exemple dans un syndrome de Raynaud, ou systémique sur une insuffisance cardiaque, un choc obstructif, hypovolémique ou cardiogénique. Si les extrémités sont chaudes et que l’on observe des signes d’insuffisance circulatoire, on pense à un choc distributif sur sepsis, anaphylaxie, intoxication, origine neurogène, etc. Ils se traduisent par une vasodilatation.
On prend le temps de recoloration en appuyant sur la face palmaire de la dernière phalange et en évaluant la durée nécessaire pour la recoloration lorsque l’on cesse d’appuyer sur le doigt. Si la recoloration prend plus de trois secondes, la perfusion est diminuée.
On observe un aspect bombé des ongles. Il s’agit d’un hippocratisme digital qui peut faire penser à une hypoxie chronique mais ce n’est pas un signe spécifique d’une atteinte cardio-respiratoire.
On observe un érythème maculaire palmo-plantaire, des nodules douloureux au niveau de la pulpe des doigts, des pétéchies sous-unguéales. On parle respectivement de lésions de Janeway (érythème maculaire), emboles septiques et de nodules d’Osler (nodules), complexes immuns circulants. On pense à une endocardite. On peut également rechercher des taches hémorragiques suggestives au niveau rétinien appelées taches de Roth.
On observe un membre tuméfié. On pense à des œdèmes, une dermohypodermite, un syndrome des loges, etc.
Un phlébœdème est d’origine veineuse secondairement à une cause locale ou systémique. Il peut prendre tout le membre inférieur. Au niveau local on pense à une insuffisance veineuse, une thrombose veineuse, une algodystrophie, une malformation vasculaire, une origine inflammatoire ou infectieuse, etc. Concernant les causes systémiques, penser à un engorgement du cœur droit, une insuffisance rénale, une hypoalbuminémie, etc. Les causes systémiques ont la particularité d’être bilatérales.
Un lymphœdème est d’origine lymphatique, primairement sur une malformation ou secondaire à une obstruction par une filariose, une tumeur gynécologique, de la prostate, un mélanome, un acte iatrogène, une malformation lymphatique, etc. Les lymphœdèmes prennent surtout le dos du pied et les orteils.
Le myxœdème consiste en une déposition des glycosaminoglycanes dans le derme et les muqueuses. On pense à une hypothyroïdie.
Le lipœdème consiste en une dystrophie localisée du tissu adipeux. Son origine est peu connue.
On appuie sur la peau pour voir si une dépression persiste, signe du godet. La persistance d’un creux parle en faveur d’une origine veineuse ou lymphatique.
Un observe le visage. On observe un faciès œdématié, on pense à une insuffisance rénale, une obstruction de la veine cave supérieure, des dermatoses, un angioedème, une hypothyroïdie, une maladie de Cushing, une prééclampsie, etc.
On observe une disparition des vaisseaux sanguins de la conjonctive palpébrale. On pense à une anémie.
On observe des dépôts jaunâtres à l’angle nasal de l’œil ou à la périphérie de la cornée. On parle respectivement de xanthélasmas et de gérontoxon. Ce sont des signes de dyslipidémies qui peuvent également être observés ailleurs sur la peau.
On observe une coloration bleutée des lèvres et la langue. Il s’agit d’une cyanose centrale La cyanose centrale résulte d’une défaillance de l’échangeur gazeux sur un shunt droite-gauche, un trouble de la diffusion ou une hypoventilation alvéolaire sur insuffisance respiratoire mécanique. Un shunt est d’origine cardiaque ou pulmonaire sur œdème pulmonaire, atélectasie, BPCO, asthme, corps étranger, pneumonie, embolie pulmonaire, etc.