Au niveau anatomique, chaque doigt est innervé sensitivement par 2 branches collatérales qui passent des côtés ulnaire et radiale de chaque doigt. L’examen neurologique doit comprendre la sensibilité de chaque hémipulpe.
Pour tester la sensibilité, on demande au patient de fermer ses yeux. On commence par effleurer avec un doigt les doigts du patient pour tester grossièrement. Si l’examen sensitif est normal, on documente une normoesthésie. L’examen sensitif s’arrête alors ici.
Si le patient ressent un engourdissement (hypoesthésie) ou qu’il ressent des fourmillements (dysesthésie), on évalue la discrimination aux 2 points. On le montre une fois en exemple les yeux ouverts, puis on procède à l’examen les yeux fermés. On pique le patient avec deux pointes écartées d’une certaine distance, et on demande au patient s’il ressent un ou deux points de pression. À moins de 5 mm d’écart, le patient ressent les deux points de pression, on considère une normoesthésie. À plus de 5 mm d’écart, le patient ne ressent qu’un point de pression, on considère que la discrimination aux 2 points est pathologique. On pense à la lésion nerveuse sur compression, plaie, etc. Dans le même contexte, on procédera à un toucher-piquer. On le montre une fois en exemple les yeux ouverts, puis on procède à l’examen les yeux fermés. Le patient discrimine bien la différence entre le toucher et le piquer, on peut conclure à une normoesthésie. Le patient discrimine difficilement le toucher et le piquer et fait des erreurs, on pense à une hypoesthésie sur lésion nerveuse, etc.
On observe une hypoesthésie de la région palmaire ulnaire et/ou dorsale ulnaire, on pense à une lésion du nerf ulnaire proximale ou distale. Dans les étiologies distales, nous retrouvons le kyste arthro-synovial, la thrombose de l’artère ulnaire, la fracture du pisiforme ou de l’hamatum, l’arthrose radio-ulnaire distale. En cas d’atteinte sensitive au niveau dorso-ulnaire, on pensera à une lésion ou compression proximale au poignet telle que syndrome du tunnel cubital, la radiculopathie C8, une tumeur spinale, une tumeur de Pancoast, un syndrome du défilé thoracique, une syringomyélie ou encore une sclérose latérale amytrophique. On observe que le doigt IV est atteint uniquement sur son côté ulnaire, on pensera spécifiquement à une neuropathie ulnaire. En cas d’atteinte de la racine C8, le doigt IV sera soit entièrement atteint, soit ne présentera pas de déficit sensitif.
On observe une hypoesthésie de la région palmaire radiale, on pense à une lésion du nerf médian ou un syndrome du tunnel carpien. Dans le cadre d’un tunnel carpien, la sensibilité de l’éminence thénar est épargnée, car la branche superficielle du nerf médian, qui innerve sensitivement l’éminence thénar, passe superficiellement au tunnel carpien, ce qui n’est pas le cas d’un syndrome du rond pronateur où cette branche superficielle est aussi comprimée.
On observe une hypoesthésie de la région dorsale radiale, on pense à une lésion du nerf radial dans le cadre de la « paralysie du samedi soir » ou la « paralysie des amoureux », un syndrome du tunnel radial, un syndrome de Wartenberg, etc.
On observe une hypoesthésie d’une hémipulpe, on pense à une lésion d’une branche nerveuse collatérale.