On observe l’état général du patient. Par exemple, il est agité, léthargique, présente des constantes vitales perturbées, de fortes douleurs abdominales, des facteurs de risque cardiovasculaire, des signes de péritonisme, etc., on pensera à des pathologies plus urgentes telles qu’une ischémie mésentérique, une grossesse extra-utérine, une rupture d’anévrisme de l’aorte abdominale ou encore une perforation digestive. Le patient est maigre, présente des amyotrophies importantes, des œdèmes et un ventre globuleux. On pense à une dénutrition.
Un patient peut être décontracté comme un autre pourrait présenter des douleurs difficilement supportables et aurait donc tendance à se recroqueviller sur lui-même. La douleur se lira aussi sur son faciès. Par exemple, si un patient présente une position dite en chien de fusil, on pensera à une pancréatite.
On observe ensuite l’allure de l’abdomen. Est-il plat, scaphoïde (concave) ou globuleux ? Observe-t-on une asymétrie, des cicatrices, des lésions cutanées ? Peut-on voir une voussure localisée ?
- Avec un abdomen globuleux, on pense à un épanchement ou un météorisme.
- Une voussure localisée fait penser à une hernie (ombilicale, épigastrique, cicatricielle, inguinale, fémorale, etc.), par exemple.
On observe des mouvements :
- respiratoires : Une respiration plus superficielle nous fait penser à des douleurs abdominales.
- péristaltiques : péristaltisme des anses
- pulsatiles : pulsations de l’aorte de l’abdomen
On observe des cicatrices. Il faut décrire les cicatrices à l’aide de la topographie. Parmi les cicatrices les plus courantes, nous pouvons retrouver :
- Dans le cadre d’une chirurgie exploratrice, les incisions médianes ou paramédianes peuvent s’étendre sur toute ou une partie de la ligne blanche
- les incisions obliques au niveau du point de McBurney pour l’appendicectomie
- les incisions horizontales sus-pubiennes (aussi nommés de « Pfannenstiel ») pour les interventions gynéco-obstétricales (césarienne, grossesse extra-utérine, etc.)
- les incisions subcostales droites pour la chirurgie biliaire (cholécystectomie, etc.)
Figure 3 : Cicatrices abdominales |
Il existe bien évidemment d’autres types d’incisions (on doit rechercher les incisions liées à la chirurgie laparoscopique mini-invasive) qui n’ont pas été susmentionnées.
On observe des lésions cutanées. Un hématome péri-ombilical ou des flancs, fait penser à un saignement rétropéritonéal. On suspecte une pancréatite, une rupture aortique, une grossesse extra-utérine, une coagulopathie, etc.
On observe des veines dilatées. On pense à des caput medusae ou à une obstruction de la veine cave inférieure. Les caput medusae traduisent une hypertension portale dans laquelle le flux sanguin sera dévié vers des anastomoses porto-systémiques, par exemple les veines rectales (hémorroïdes), les veines œsophagiennes (varices œsophagiennes) et les veines para-ombilicales (caput medusae). On observe un pattern typique partant depuis l’ombilic en tête de méduse. L’insuffisance cardiaque (post-hépatique), la thrombose des veines hépatiques (post-hépatique) ou de la veine porte (pré-hépatique), la cirrhose et la schistosomiase (hépatique) sont les principales causes d’hypertension portale.
On observe des angiomes stellaires. Ces derniers sont des lésions vasculaires en forme d’étoiles avec un centre qui se ramifie par de multiples branches capillaires. Ils sont typiquement localisés au tronc et sont une manifestation d’un hyperoestrogénisme. Ils disparaissent ou s’éclaircissent à la vitro-pression. Ils sont quasiment toujours situés sur le territoire de la veine cave supérieure.
Ils sont présents en cas de cirrhose dans le cadre d’un métabolisme hépatique déficient, lors d’une grossesse, etc.
On observe des vergetures. Elles traduisent un étirement de la peau. Celles-ci peuvent être secondaires à une prise ou perte de poids, la croissance, une grossesse ou plus rarement un hypercorticisme (elles sont alors classiquement de couleur pourpre). Le cortisol induit une atrophie du réseau élastique facilitant l’étirement de la peau.
On observe un ictère à la peau et aux sclères. Elle traduit une hyperbilirubinémie d’origine hémolytique, hépatique ou cholestatique. Il peut s’agir d’une malaria, d’une drépanocytose, d’un syndrome de Gilbert, d’une cirrhose, d’une hépatite, d’une cholédocholithiase, etc.
On observe une gynécomastie, manifestation d’un hyperoestrogénisme.
On observe les extrémités. Un érythème palmaire, une atrophie musculaire des quatre membres, un astérixis et une main de Dupuytren peuvent renforcer une suspicion de cirrhose.